** ellanaveva: j'suis pas faite pour ce métier
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04 mai 2010



Si vous étiez enseignants et que vous soyez obligés d'assister à une pseudo formation concernant
l'Approche Par les Compétences et que, dès 9h15, on vous expliquait l'APC par une définition du MEDEF,
vous le prendriez comment, vous ?

11 décembre 2009

Canaille


La Canaille* est venue partager un moment avec mes élèves. Rap, école, respect, Dieu, intermittents du spectacle, religions, concerts, travail, djembé, usines, pouvoir, Darwin, mots, combat, tolérance, musique, facilité, misère... et quelques élèves ont pu assister au concert le soir-même, c'était vraiment chouette !
Une remarque d'un de mes élèves, au milieu de la discussion sur la croyance, l'origine de l'homme et le pouvoir de la religion, résonne : " Tu vois, ce mur est vert, mais si depuis toujours on te dit que cette couleur, c'est le rouge, comment tu fais ?..."
Depuis, je suis en boucle, que fait l'école ?...

13 avril 2009

21 novembre 2008

Colère muette

Je m’appelle Elodie. Ou Vanessa. Ou Charlotte. Cyndie si vous vous voulez. Je m’en fous.

J’ai 16 ans. Je suis une sale pute. C’est mon père qui dit ça. Je m’en fous, je veux juste que ça s’arrête.

J’ai rien dit quand les flics m’ont retrouvée après mes 3 jours loin de la maison. J’ai pas envie de parler. Même à la dame qui avait l’air gentil, à l’hôpital, quand mon père m’a entrainée pour régler le problème. Je dois y retourner de toute façon. Je veux qu’on me foute la paix.

Je suis allée au lycée cet après-midi, pour voir l’assistant social. Y’avait mon père et ma belle-mère. La prof est passée. Elle a été surprise parce que j’avais coupé mes cheveux. Avant, ils étaient super longs. J’ai même essayé le bleu, c’était pas terrible.

La prof m’a fait promettre de revenir en cours ; j’ai pas envie. J’ai promis, jusqu’à Noël. Elle dit qu’après, on discutera. J’ai pas envie de discuter. Pis mon père, il me garde, enfermée, jusqu’à ce que ça soit réglé. Il dit aussi que je suis qu’une menteuse et que si je retourne à l’école, je ferai rien. La prof n’était pas contente après mon père, elle a dit que ça (un autre ça), c’était son affaire. Je la connais pas depuis longtemps mais je sais qu’elle s’est retenue devant mes parents. Y’a qu’à moi qu’elle a dit que l’avortement devait être mon choix. Juste avant, elle avait regardé mon père et avait décrété « Je vous l’emprunte 5 minutes ». On est allées à l’infirmerie pour être tranquille, l’infirmière a approuvé. Mais c’est des adultes, elles ont quand même dit que c’était tôt pour avoir un enfant, surtout vu les conditions. Moi, j’m’en fous. Je veux que ça s’arrête.

Pis la prof, elle est partie, elle était pressée, fallait qu’elle récupère sa fille à l’école. Elle a salué mes parents, moi, elle m’a serré le bras, presqu’une caresse et m’a dit « ca va aller ». Je sais pas, je m’en fous…

15 mai 2008

Grève


09 novembre 2007

En vrac

L’élève (sincère) : "Vous nous faites découvrir d’ces choses, Madame, c’est bien, je savais pas que ça existait des trucs comme ça…"

Contexte : séquence sur la lecture de l’image

Niveau : terminale Bac pro

Thème : la liberté

Liaison séances 1-2 : recherche internet sur Amnesty international et Reporters Sans Frontières.

Moi (sincère, si-si) : "Ravie de vous permettre d’ouvrir une fenêtre sur la réalité…"

(en aparté) : "J’en ai marre…"

Voilà, je m’ennuie dans mon boulot, et malgré quelques étincelles dans le regard de certains de mes élèves, je suis contaminée par les "Pffff, heuuuuu, silence, pfffff, re-silence, pfffff…".

Je vous entends déjà, ça pourrait être pire, ils pourraient sauter partout, danser sur les tables (ah, la tecktonik !), discuter de leur week-end ("on se retrouve à Cora, samedi ? pis après, on se fait la rue piétonne ?" ndlr : sans commentaire), me menacer avec la lame usagée de leur cutter, répéter "j’m'en bats les couilles" (expression non réservée aux garçons), balancer des œufs pourris sur le tableau, imiter les cris des animaux de la jungle (très bien, d’ailleurs, selon les échos émanant de la salle de cours jouxtant la mienne) mais, comment dire, non. Et ce n’est pas négociable.

Bref, je n’ai toujours pas mon appareil photo, pas de nouvelles de mes inscriptions à la fac et au CNED (et du coup, aucune raison de râler que je suis débordée), ma machine à coudre patine et j’ai promis des "doudous" sans danger pour les petits (en gros, sans boutons) pour bientôt, il fait froid et humide, le gasoil est hors de prix, c’est Novembre… Ah ben voilà, c’est Novembre, je me disais aussi…



Edit du 9 Novembre à 12h : j'ai vu passer quelques flocons :)

07 septembre 2007

De la meilleure manière…

De briser les ailes d’une gamine de 20 ans.

Les rentrées, c’est aussi ça. Apprendre qu’une de vos élèves a démissionné, ce matin. Qu’elle a rendu ses livres. Qu’elle ne fera pas sa dernière année, celle du bac. Une élève à qui l’on met dans les mains tous les Pennac et à qui l'on confie son exemplaire de « l’Ecume des Jours », comme ça, pour rien, pour tout. Une élève que l’on pousse à être meilleure pour narrer un conte bilingue français-hindi devant des dizaines de personnes… Une élève qui s’accroche dans un contexte particulier et qui fait 40 km pour venir chaque matin en cours, train, bus ; une, des rares, présente quand il y a 50 cm de neige dans la cour. Une gamine (je sais, elle a 20 ans et alors ?) qui décroche son BEP avec mention, qui aurait eu son Bac de même, nul doute.

Elle était pressée ce matin quand elle est sortie pour la dernière fois du lycée : elle prenait la chaîne de montage à 11h. Voilà, à 20 ans, ça suffit les conneries, faut bosser et ramener un peu d’argent à la maison.

Elle a dit : « C’est comme ça ».

Vous pensez peut-être que je juge un peu vite. Oui, je juge, vite, je ne pense pas. Je ne suis pas parfaite, je rate des choses avec mes élèves, il m’arrive même d’être mauvaise sur certains points. Je le sais, je le sens, je le vois dans leurs yeux. Là, je suis en colère, j’en veux aux parents, aux profs qui l’ont croisée et qui n’ont pas réussi à lui faire changer d’avis, aux responsables de l’établissement qui ont échoué à faire fléchir la mère, j’en veux à mon élève, c’est bête, j’admets. Qu’ai-je fait, moi qui juge ? Rien.

Mais là, j’ai juste envie de vomir.

Je l’appellerai ce soir.

Après ses 8 heures à l’usine…